Jeudi 7 août 2008.
Viva Espana !
Voilà, c'est fait, on l'a
traversé ce fameux Golfe de Gascogne. Au moment où
je vous écris, nous venons de doubler le Cap Finisterre et
sommes sur le point d'arriver dans une baie au nord de l'Espagne
(Anse de Muros). Nous y ferons notre premier arrêt après
4 jours et 4 nuits de mer .
On est parti dimanche matin de
l'Aber Ildut près de Brest. Globalement la traversée
s'est bien passée, même si nous avons subi essentiellement
du vent de face, ce qui a rallongé sensiblement notre route
et demandé un jour de plus que prévu. La route directe
était de 420 miles,on a du en faire 100 de plus à
cause des bords de près.
Les conditions étaient assez
musclées au début (2 ris dans la grand voile et génois
60%) mais pas autant que lors de notre traversée la semaine
passée entre Yealm River (Sud de l'Angleterre ) et L'Aber
Wrac'h (Nord Bretagne) où on peut dire qu'on en a assez bien
bavé pendant la nuit. Nous étions explosés
à l'arrivée à 1H du matin la deuxième
nuit à l'Aber Vrach où Christophe avait fait tous
les bars en nous attendant.
Le bateau est assez physique et
il faudra encore boire beaucoup de soupe pour border le grand génois
de 60 m2 ou hisser la grand voile à une main, le verre d'apéritif
dans l'autre.
Chronologiquement, le trajet a
été le suivant : nous sommes donc partis le 20 juillet
de Dunkerque; le nombre de personnes présentes m'a étonné
et m 'a vraiment touché et fait très plaisir. C'était
aussi un moment très particulier, du style qu'on ne vit probablement
qu'une fois dans sa vie. Intense et émotionnel, mais en même
temps j'avais le sentiment de ne pas réaliser complètement.
A peine avait on quitté le ponton qu'on a eu des problèmes
de moteur (des ratés à cause d'air dans le circuit
de gasoil) , mais tout est plus ou moins rentré dans l'ordre.
Ensuite, nous sommes allés
successivement à Boulogne, Fécamp, une longue traversée
de la manche de 150 miles sur Dartmouth (Sud Angleterre)–
vent dans le nez- , Salcombe, Yealm River, re-traversée vers
l'Aber Vrach (100 miles vent dans le nez toujours, plus de 30 heures,
vive le vent de Sud Ouest !) où Sophie et une copine de Cyril
nous ont rejoint pour quelques jours. Et enfin, le vendredi 1er
août, l' Aber Ildut, où Bertrand nous a rejoints jusqu'au
dimanche, date de départ pour l'Espagne.
Ne croyez pas ce qu'on dit à
la télé, il y a autant de baleines que de maquereaux
: nous avons vu à 4 reprises dans le Golfe de Gascogne ce
qu'on a identifié de façon assez certaine pour des
rorquals communs – grâce à l'excellent livre
qu'a offert Guillaume, le frère de Cyril. On était
clairement placé sur l'autoroute du nord, c'était
probablement les retours des juilletistes. Coté dauphins,
on en a surtout vu dans le sud de l'Angleterre et en Bretagne (+
une dizaine vus par Cyril pendant son quart aujourd'hui).
En ce qui concerne la vie à
bord, cela se passe bien. Il y a les inévitables discussions
sur nos petites habitudes respectives et sur le programme, sachant
qu'on est déjà un peu sous pression avec celui-ci
à cause des conditions météo auxquellesj'ai
fait allusion supra. Mais on devrait être le 10 août
à Lisbonne comme prévu.
Ensuite, après 2 jours de
break, nous aurons une traversée de 5 jours vers les Canaries
et à partir de là – nous l'espérons –
on devrait avoir plus de temps pour profiter des escales (dont un
mois aux îles du Cap Vert ). Mais pour l'instant en tout cas,
nous souhaitons essayer de coller à nos intentions : aller
en Patagonie, ce qui implique d'y être pour l'été
austral.
Pendant les longues navigations,
nous prenons notre rythme pour la vie en quart : après avoir
essayé plusieurs formules (3H-3H, 4H-4H) il semble que la
meilleure soit de diviser la nuit en deux : je prends le quart de
23H à 4h du matin et Cyril celui de 4 à 9H. Avec ce
rythme, on dort aussi beaucoup pendant la journée, si bien
que nous n'avons pas le sentiment d'être trop fatigués
à l'arrivée. Et puis, en navigation, je ressens le
fait que j'ai enfin le temps de m'attarder sur les tâches
sans (trop) penser déjà à la tâche suivante
– que ce soit régler le bateau, les petits bricolages
qui ne manquent pas, ou la lecture. Mais il y a encore du travail
de déconditionnement… Dernier fait marquant : je n'ai
plus de GSM. C'était plus difficile que de rendre ma voiture.
Hugues
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