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Jean-Noël DELCOURT
Papa de Cyril, supporter, conseiller
médical
J1
Départ
de Paris avec 45' de retard, changement à Bahreïn juste
à temps, atterrissage à Kuala Lumpur avec 45’minutes
d’avance. J’arrive à Lan Kawi pile à l’heure,
mais mon bagage n’a pas suivi. Ce n’est pas étonnant
avec le peu de temps que j’avais pour les changements d’avion
et l’odeur de mon bagage de soute (fromage, pâté
de Guillaume ont dû faire tomber en arrêt les chiens
renifleurs de l’aéroport). En plus, si le bagage a
été scanné, il n’y a rien qui ressemble
plus à 1kilo d’explosif qu’1 kilo de comté.
Y’a que l’odeur qui diffère.
J2
Cyril,
à l’accueil, m’attendait souriant. Quel plaisir
et quelle émotion de le revoir après 18 mois d’éloignement!
Nous passons l’Après midi au Royal Yacht club de Lang
kawi. C’est grandiose pour accueillir le papa : une place
au ponton du Royal yacht club !
Ils sont arrivés la veille
et ont besoin de faire quelques travaux sur le bateau: Le sondeur
est fantaisiste, ce qui, dans une région où les cartes
sont moyennement précises et les coraux poussent comme des
patates, rend les approches au mouillage un peu hasardeuses. Nous
en tâterons un peu plus tard. La gazinière aussi a
besoin d’être réparée : qui ne fonctionne
que sur un feu et encore, il ne brûle pas sur toute sa circonférence
et charbonne un max. Pour le reste, je trouve un bateau qui semble
ne pas avoir vieilli d’un iota, après ses 18 mois de
voyage et qui est propre comme un sou neuf ! Chapeau les navigateurs!
Ma première journée, un peu dans le pâté
à cause du décalage horaire (7 heures) et des 17 heures
de voyage, se passe en flânant dans la Marina : déjeuner,
bière, piscine, recherche de ma valise qui devrait arriver
par le prochain avion dans l’après midi: Ah bon ! Ce
n’est pas pour cet après midi, espérons que
ce sera pour demain. Après dîner au club et coucher
tôt, la chaleur dans le bateau rend le sommeil par moments
insaisissable: J’arrive du plein hiver Parisien et me retrouve
dans une chaleur tropicale. L’adaptation ne se fait pas en
1 jour.
J3
Pourtant,
je me réveille le matin en pleine forme, dopé par
cette quinzaine qui s’annonce devant moi. Dès que tous
les yeux sont ouverts à bord, nous prenons un taxi pour aller
faire les courses d’avitaillement du bateau. Au passage, un
appel à l’aéroport nous apprend que l’on
ignore le destin de ma valise perdue. Elle n’est pas à
Bahreïn ni à Kuala Lumpur. Alors, si on suit la logique,
elle doit être restée à Paris. De retour à
la Marina, pendant que je déjeune avec Cyril, coup de téléphone
de l’accueil qui nous apprend que mon bagage nous y attend.
Soulagement, on est désormais libre de larguer les amarres.
De toute façon, il n’était pas prévu
de partir avant le lendemain.
Le soir, dîner local dans un restaurant au bord d’une
« rivière égout ». Heureusement la puissance
pimentée des plats en atténue bien l’odeur.
Nous finissons la soirée au Sunba-bar, où il y a de
la musique Reggae pop live. Petit à petit, je me re familiarise
avec l’Anglais, au fur et à mesure des rencontres avec
d’autres navigateurs qui ont des tas de choses à raconter
et de tuyaux à donner. Il est décidé de partir
le lendemain matin pour le Hole in the Wall au Nord de l’île.
J4
On
démarre en fin de matinée : très jolie traversée
entre les îlots et les hauts fonds, au moteur et sans sondeur.
Très peu de temps à la voile car le vent n’y
est pas. Le Hole in the Wall est un bras de mer au Nord de l’île
qui s’avance profondément à l’intérieur
des terres et qui se ramifie en de multiples bras au cœur de
la mangrove. Le bouche à oreille des navigateurs nous a conseillé
de mouiller en face du restaurant flottant, près de la ferme
à poissons, au deuxième embranchement à droite.
Une fois amarrés et l’annexe mise à l’eau,
nous allons nous perdre dans les multiples canaux. Il y a là,
paraît-il, une grotte à découvrir, curiosité
superbe, que nous finirons par trouver après un peu de tâtonnements.
Et puis soleil et chaleur aidant, cela donne envie d’un petit
plouf au milieu de la mangrove: bain tiède et vaseux dans
un paysage magnifique. Il y a une autre grotte à découvrir
: celle la abrite des chauves-souris. Un peu effarouchées
par le tourisme, beaucoup ont déserté les lieux pour
aller nicher ailleurs. Pour le repas du soir, c’est en compagnie
du so British David, de son épouse Thaï et de leur fille,
que dans le restaurant flottant, nous dégustons de délicieux
mérous de la ferme à poisson.
J5
Le
lendemain, nous repartons à l’aube. Au passage un petit
café sur le bateau tout neuf de Dave, qui a des renseignements
à donner sur l’arrivée à Phuket. Route
au moteur vers une petite île dont j‘ai oublié
le nom. La traversée est agréable, au milieu des flottilles
de pêche. Notre ligne de traine ne ferre aucun poisson, ce
n’est pas étonnant, vu la densité des bateaux
et le chalutage intensif. A l’arrivée au mouillage,
un bruitage intense domine le bruit de la mer: ce sont des stridulations
d’insectes. Sur la plage de sable blanc, devant la colline
de jungle, nous découvrons des traces de varans. Nous ne
verrons pas les varans, mais nous allons débarquer pour la
pose T punch du soir. Le rêve de barbecue ne peut pas se réaliser,
car nous sommes maintenant en Thaïlande dans un parc national.
Faire un feu sur la plage serait une faute de goût et pas
du goût des rangers chargés de la surveillance.
J6
La
nuit était un peu houleuse, le mouillage pas très
abrité, aussi le lendemain, après un moment de snorkling
et de farniente sur la plage, nous allons chercher refuge vers une
côte un peu plus sûre et accueillante que nous apercevons
au loin, ce ne sera pas une longue traversée. Nous installons
cependant la ligne de traine. Elle ne durera pas longtemps. Comme
personne à bord n’a songé à la relever
quand il fallait, elle sera emportée à l’arrivée
au prochain mouillage par un petit dériveur qui croise notre
arrière. C’est la dernière fois que nous sortons
la canne à pêche, vu la pauvreté du résultat.
Cyril et Hugues profitent de cet arrêt pour aller vérifier
la quille qui a touché une patate de corail au mouillage
précédent.
J7 et J8
Nous
sommes à l’île de Kho Roc. En fait il ya 2 îles
: Kho roc nok et Kho roc noï, séparées par une
passe. C’est là que nous jetons l’ancre par 10
mètres de fond, à l’abri du vent. L’eau
y est claire les poissons magnifiques. Un petit poisson pierre attend,
immobile, sur le sable, à 3 mètres du bord. Tout seul,
non averti, je ne l’aurais pas remarqué. Attention
sa piqure est très dangereuse. . L’après midi,
avec Cyril, je fais le tour de l’île à pied.
C’est un sentier de chèvre en marche d’escalier.
Cela me rappelle certaine randonnée sur l’île
de la Réunion, tout cela bien sûr, sous une chaleur
moite et bien transpirante, comme là bas.
J9
Pour la prochaine étape,
Phuket, il y a 52 miles. Nous les ferons en navigation de nuit (9
heures prévues) et lèverons l’ancre à
21 heures. Pour moi qui n’en ai pas l’habitude, c’est
excitant. Je prendrai le 3ème quart, après Cyril.
Hugues prend le premier quart. Nous quittons le mouillage Hugues
et moi, Cyril est allé préventivement se coucher.
Dès que tout est bien installé je vais me coucher
à mon tour. Il y a un bon vent, bon plein, le bateau file
rapidement et moi je ronfle profondément. Cyril aura un mal
fou à me réveiller à 04h00.
Quand je prends mon quart, le bateau a avalé beaucoup de
miles, nous avons 1 heure d’avance sur les prévisions.
La consigne est donc de virer à 180°, de faire route
½ heure, puis de virer à nouveau à 180°
et le tour est joué. Avec le pilote automatique, c’est
simple : on appuie sur la touche 90° deux fois, le bateau vire
tout seul à 180°, il n’y a qu’à suivre
pour le réglage des voiles et ½ heure plus tard on
recommence la manœuvre en sens inverse. Ainsi, nous arrivons
pile au point prévu, à l’heure prévue.
Il est 7 heures, il est temps que je réveille Hugues. Le
vent a forci, nous réduisons un peu la voilure et finissons
l’approche pour aller mouiller à Shalong bay. Nous
sommes sur l’île de Phuket, mais nous devons nous arrêter
à Shalong bay pour faire les formalités d’arrivée
en Thaïlande.
Le bureau de police, douane, immigration ouvre à 9 heures.
A 10h 30 l’officier de service arrive et nous apprend ceci
: en Thaïlande, le propriétaire et les membres d’équipage
du bateau ne peuvent quitter le pays sans celui-ci. Moi qui ai été
déclaré comme membre d’équipage, il va
falloir me réinscrire en tant que passager, sinon je ne reprends
pas l’avion. Les diverses formalités accomplies, nous
reprenons la mer pour 2 heures de navigation (au moteur car le vent
est tombé). Nous allons à la Marina de « Blue
boat
lagoon » (grand luxe), on ne peut y entrer qu’à
marée haute et la marée sera haute à 14 h,
pas de temps à perdre.
Nous nous présentons devant le chenal d’entrée
à l’heure dite et Cyril contacte la capitainerie :
- Vous ne pouvez pas prendre le chenal, le bateau s’échouerait
- Alors quand passer ?
- Eh bien à marée haute !
- Mais c’est maintenant la marée haute
- non c’est à 21H00.
En fait la table des marées en notre possession date de Janvier
2008. La capitainerie du port nous enverra un pilote à 21H00
qui nous fera entrer de nuit dans cet étroit et peu profond
chenal qui serpente dans la mangrove.
En attendant, demi tour, nous allons passer l’après
midi au mouillage devant une petite île : Rang Yaï, occupée
par un resort restaurant. Ca tombe bien, nous n’avions pas
vu de restaurant depuis quelques jours et commencions à nous
languir des préparations pimentées. Quand on commande
un plat « not spicy », ça arrache déjà
les papilles et si on commande légèrement épicé
c’est la brûlure du gosier garantie et le bain de transpiration.
J10, J11, J12
Nous
passons ces 3 jours à Phuket où Sophie vient rejoindre
Hugues : Farniente, Marina, piscine, restau branché de Phuket,
plage des Français. Le 3ème jour, nous reprenons la
mer pour les îles Sémillanes, mais nous ferons escale
pour la nuit à la pointe Sud de l’île de Phuket,
dans la crique de Naiharn beach à l’abri du grain qui
approche. Cyril et Hugues doivent y rencontrer un navigateur qui
cherche à réunir une flottille d’une vingtaine
de bateaux. C’est la préparation du convoi pour la
navigation dans le golfe d’Aden et l’entrée en
Mer Rouge.
J13, J14 : Les iles Sémillanes
C’est
le paradis de la plongée sous-marine. J’y ai fait 3
magnifiques plongées (masque et tuba), extraordinaires pour
la beauté des coraux et la richesse de la faune : au moins
50 espèces de poissons, sèches, pieuvres. Je n’ai
pas pu faire de plongée profonde avec bouteille, faute de
licence. Le moniteur Allemand ne plaisantait pas avec la sécurité
(à juste raison).
C’est aussi le royaume des speed boats
: on arrive le soir, on se croit pratiquement seuls sur l’ile,
c’est paradisiaque, loin de tout. Mais voilà que le
lendemain matin à partir de 10 heures arrivent les speed
boats en rugissements continus: ce sont des vedettes super rapides,
avec 4 moteurs de 200 cv au cul. Les 50 miles qui les séparent
de la côte ne leur font pas peur. Cela doit prendre 2 heures
pour amener les touristes de Phuket. Quand il y a 15 speed boats
qui débarquent, cela fait 300 touristes sur l’ile.
Pour peu qu’il s’ajoute une pluie tropicale, cela fait
un joli chambard sous la paillotte de fortune qui sert de bar. En
tout cas la bière y coule aussi à flots.
J15
Ce
riche temps de rencontre avec nos navigateurs touche maintenant
à sa fin (ainsi que ce long récit de voyage). Après
une dernier snorkling à l’île semillane N°2,
nous nous lançons dans une belle traversée d’un
peu plus de 100 miles que nous allons faire sur les 24 heures qui
restent. Calme plat jusqu’au soir, où un grain orageux
va laisser place à un vent fort en navigation au près
pour toute la nuit Dans ce cas là, on dort plus contre les
cloisons que sur le matelas, dans les embardées du bateau
qui pourtant, coupe bien les vagues sans taper. Nous nous amarrons
dans la Yacht haven Marina, où Ratafia restera seul une semaine,
pendant que les navigateurs font du tourisme terrestre ou marin
en Thaïlande. Pour moi je fais ma valise tout rempli des impressions
engrangées pendant ce séjour. Cyril me raccompagne
à l’aéroport où nous avons encore plein
de choses à nous dire et d’émotions à
partager
Merci pour ces tranches de vie partagées.
On vous attend à bon
port, les navigateurs !
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