Sophie
Claire
Stéphane
Krin
Bernard
Yohann et Guillaume
Vittorio
Denis
Jean-Noël
Claire - Le Retour
Edouard

 

Jean-Noël DELCOURT

Papa de Cyril, supporter, conseiller médical

 

J1

Départ de Paris avec 45' de retard, changement à Bahreïn juste à temps, atterrissage à Kuala Lumpur avec 45’minutes d’avance. J’arrive à Lan Kawi pile à l’heure, mais mon bagage n’a pas suivi. Ce n’est pas étonnant avec le peu de temps que j’avais pour les changements d’avion et l’odeur de mon bagage de soute (fromage, pâté de Guillaume ont dû faire tomber en arrêt les chiens renifleurs de l’aéroport). En plus, si le bagage a été scanné, il n’y a rien qui ressemble plus à 1kilo d’explosif qu’1 kilo de comté. Y’a que l’odeur qui diffère.

 

J2

Cyril, à l’accueil, m’attendait souriant. Quel plaisir et quelle émotion de le revoir après 18 mois d’éloignement! Nous passons l’Après midi au Royal Yacht club de Lang kawi. C’est grandiose pour accueillir le papa : une place au ponton du Royal yacht club !

Ils sont arrivés la veille et ont besoin de faire quelques travaux sur le bateau: Le sondeur est fantaisiste, ce qui, dans une région où les cartes sont moyennement précises et les coraux poussent comme des patates, rend les approches au mouillage un peu hasardeuses. Nous en tâterons un peu plus tard. La gazinière aussi a besoin d’être réparée : qui ne fonctionne que sur un feu et encore, il ne brûle pas sur toute sa circonférence et charbonne un max. Pour le reste, je trouve un bateau qui semble ne pas avoir vieilli d’un iota, après ses 18 mois de voyage et qui est propre comme un sou neuf ! Chapeau les navigateurs! Ma première journée, un peu dans le pâté à cause du décalage horaire (7 heures) et des 17 heures de voyage, se passe en flânant dans la Marina : déjeuner, bière, piscine, recherche de ma valise qui devrait arriver par le prochain avion dans l’après midi: Ah bon ! Ce n’est pas pour cet après midi, espérons que ce sera pour demain. Après dîner au club et coucher tôt, la chaleur dans le bateau rend le sommeil par moments insaisissable: J’arrive du plein hiver Parisien et me retrouve dans une chaleur tropicale. L’adaptation ne se fait pas en 1 jour.

 

J3

Pourtant, je me réveille le matin en pleine forme, dopé par cette quinzaine qui s’annonce devant moi. Dès que tous les yeux sont ouverts à bord, nous prenons un taxi pour aller faire les courses d’avitaillement du bateau. Au passage, un appel à l’aéroport nous apprend que l’on ignore le destin de ma valise perdue. Elle n’est pas à Bahreïn ni à Kuala Lumpur. Alors, si on suit la logique, elle doit être restée à Paris. De retour à la Marina, pendant que je déjeune avec Cyril, coup de téléphone de l’accueil qui nous apprend que mon bagage nous y attend. Soulagement, on est désormais libre de larguer les amarres. De toute façon, il n’était pas prévu de partir avant le lendemain.
Le soir, dîner local dans un restaurant au bord d’une « rivière égout ». Heureusement la puissance pimentée des plats en atténue bien l’odeur. Nous finissons la soirée au Sunba-bar, où il y a de la musique Reggae pop live. Petit à petit, je me re familiarise avec l’Anglais, au fur et à mesure des rencontres avec d’autres navigateurs qui ont des tas de choses à raconter et de tuyaux à donner. Il est décidé de partir le lendemain matin pour le Hole in the Wall au Nord de l’île.

 

J4

On démarre en fin de matinée : très jolie traversée entre les îlots et les hauts fonds, au moteur et sans sondeur. Très peu de temps à la voile car le vent n’y est pas. Le Hole in the Wall est un bras de mer au Nord de l’île qui s’avance profondément à l’intérieur des terres et qui se ramifie en de multiples bras au cœur de la mangrove. Le bouche à oreille des navigateurs nous a conseillé de mouiller en face du restaurant flottant, près de la ferme à poissons, au deuxième embranchement à droite. Une fois amarrés et l’annexe mise à l’eau, nous allons nous perdre dans les multiples canaux. Il y a là, paraît-il, une grotte à découvrir, curiosité superbe, que nous finirons par trouver après un peu de tâtonnements. Et puis soleil et chaleur aidant, cela donne envie d’un petit plouf au milieu de la mangrove: bain tiède et vaseux dans un paysage magnifique. Il y a une autre grotte à découvrir : celle la abrite des chauves-souris. Un peu effarouchées par le tourisme, beaucoup ont déserté les lieux pour aller nicher ailleurs. Pour le repas du soir, c’est en compagnie du so British David, de son épouse Thaï et de leur fille, que dans le restaurant flottant, nous dégustons de délicieux mérous de la ferme à poisson.

 

J5

Le lendemain, nous repartons à l’aube. Au passage un petit café sur le bateau tout neuf de Dave, qui a des renseignements à donner sur l’arrivée à Phuket. Route au moteur vers une petite île dont j‘ai oublié le nom. La traversée est agréable, au milieu des flottilles de pêche. Notre ligne de traine ne ferre aucun poisson, ce n’est pas étonnant, vu la densité des bateaux et le chalutage intensif. A l’arrivée au mouillage, un bruitage intense domine le bruit de la mer: ce sont des stridulations d’insectes. Sur la plage de sable blanc, devant la colline de jungle, nous découvrons des traces de varans. Nous ne verrons pas les varans, mais nous allons débarquer pour la pose T punch du soir. Le rêve de barbecue ne peut pas se réaliser, car nous sommes maintenant en Thaïlande dans un parc national. Faire un feu sur la plage serait une faute de goût et pas du goût des rangers chargés de la surveillance.

 

J6

La nuit était un peu houleuse, le mouillage pas très abrité, aussi le lendemain, après un moment de snorkling et de farniente sur la plage, nous allons chercher refuge vers une côte un peu plus sûre et accueillante que nous apercevons au loin, ce ne sera pas une longue traversée. Nous installons cependant la ligne de traine. Elle ne durera pas longtemps. Comme personne à bord n’a songé à la relever quand il fallait, elle sera emportée à l’arrivée au prochain mouillage par un petit dériveur qui croise notre arrière. C’est la dernière fois que nous sortons la canne à pêche, vu la pauvreté du résultat. Cyril et Hugues profitent de cet arrêt pour aller vérifier la quille qui a touché une patate de corail au mouillage précédent.

 

J7 et J8

Nous sommes à l’île de Kho Roc. En fait il ya 2 îles : Kho roc nok et Kho roc noï, séparées par une passe. C’est là que nous jetons l’ancre par 10 mètres de fond, à l’abri du vent. L’eau y est claire les poissons magnifiques. Un petit poisson pierre attend, immobile, sur le sable, à 3 mètres du bord. Tout seul, non averti, je ne l’aurais pas remarqué. Attention sa piqure est très dangereuse. . L’après midi, avec Cyril, je fais le tour de l’île à pied. C’est un sentier de chèvre en marche d’escalier. Cela me rappelle certaine randonnée sur l’île de la Réunion, tout cela bien sûr, sous une chaleur moite et bien transpirante, comme là bas.

 

J9

Pour la prochaine étape, Phuket, il y a 52 miles. Nous les ferons en navigation de nuit (9 heures prévues) et lèverons l’ancre à 21 heures. Pour moi qui n’en ai pas l’habitude, c’est excitant. Je prendrai le 3ème quart, après Cyril. Hugues prend le premier quart. Nous quittons le mouillage Hugues et moi, Cyril est allé préventivement se coucher. Dès que tout est bien installé je vais me coucher à mon tour. Il y a un bon vent, bon plein, le bateau file rapidement et moi je ronfle profondément. Cyril aura un mal fou à me réveiller à 04h00.
Quand je prends mon quart, le bateau a avalé beaucoup de miles, nous avons 1 heure d’avance sur les prévisions. La consigne est donc de virer à 180°, de faire route ½ heure, puis de virer à nouveau à 180° et le tour est joué. Avec le pilote automatique, c’est simple : on appuie sur la touche 90° deux fois, le bateau vire tout seul à 180°, il n’y a qu’à suivre pour le réglage des voiles et ½ heure plus tard on recommence la manœuvre en sens inverse. Ainsi, nous arrivons pile au point prévu, à l’heure prévue. Il est 7 heures, il est temps que je réveille Hugues. Le vent a forci, nous réduisons un peu la voilure et finissons l’approche pour aller mouiller à Shalong bay. Nous sommes sur l’île de Phuket, mais nous devons nous arrêter à Shalong bay pour faire les formalités d’arrivée en Thaïlande.
Le bureau de police, douane, immigration ouvre à 9 heures. A 10h 30 l’officier de service arrive et nous apprend ceci : en Thaïlande, le propriétaire et les membres d’équipage du bateau ne peuvent quitter le pays sans celui-ci. Moi qui ai été déclaré comme membre d’équipage, il va falloir me réinscrire en tant que passager, sinon je ne reprends pas l’avion. Les diverses formalités accomplies, nous reprenons la mer pour 2 heures de navigation (au moteur car le vent est tombé). Nous allons à la Marina de « Blue boat lagoon » (grand luxe), on ne peut y entrer qu’à marée haute et la marée sera haute à 14 h, pas de temps à perdre.
Nous nous présentons devant le chenal d’entrée à l’heure dite et Cyril contacte la capitainerie :
- Vous ne pouvez pas prendre le chenal, le bateau s’échouerait
- Alors quand passer ?
- Eh bien à marée haute !
- Mais c’est maintenant la marée haute
- non c’est à 21H00.
En fait la table des marées en notre possession date de Janvier 2008. La capitainerie du port nous enverra un pilote à 21H00 qui nous fera entrer de nuit dans cet étroit et peu profond chenal qui serpente dans la mangrove.
En attendant, demi tour, nous allons passer l’après midi au mouillage devant une petite île : Rang Yaï, occupée par un resort restaurant. Ca tombe bien, nous n’avions pas vu de restaurant depuis quelques jours et commencions à nous languir des préparations pimentées. Quand on commande un plat « not spicy », ça arrache déjà les papilles et si on commande légèrement épicé c’est la brûlure du gosier garantie et le bain de transpiration.

 

J10, J11, J12

Nous passons ces 3 jours à Phuket où Sophie vient rejoindre Hugues : Farniente, Marina, piscine, restau branché de Phuket, plage des Français. Le 3ème jour, nous reprenons la mer pour les îles Sémillanes, mais nous ferons escale pour la nuit à la pointe Sud de l’île de Phuket, dans la crique de Naiharn beach à l’abri du grain qui approche. Cyril et Hugues doivent y rencontrer un navigateur qui cherche à réunir une flottille d’une vingtaine de bateaux. C’est la préparation du convoi pour la navigation dans le golfe d’Aden et l’entrée en Mer Rouge.

 

J13, J14 : Les iles Sémillanes

C’est le paradis de la plongée sous-marine. J’y ai fait 3 magnifiques plongées (masque et tuba), extraordinaires pour la beauté des coraux et la richesse de la faune : au moins 50 espèces de poissons, sèches, pieuvres. Je n’ai pas pu faire de plongée profonde avec bouteille, faute de licence. Le moniteur Allemand ne plaisantait pas avec la sécurité (à juste raison).
C’est aussi le royaume des speed boats : on arrive le soir, on se croit pratiquement seuls sur l’ile, c’est paradisiaque, loin de tout. Mais voilà que le lendemain matin à partir de 10 heures arrivent les speed boats en rugissements continus: ce sont des vedettes super rapides, avec 4 moteurs de 200 cv au cul. Les 50 miles qui les séparent de la côte ne leur font pas peur. Cela doit prendre 2 heures pour amener les touristes de Phuket. Quand il y a 15 speed boats qui débarquent, cela fait 300 touristes sur l’ile. Pour peu qu’il s’ajoute une pluie tropicale, cela fait un joli chambard sous la paillotte de fortune qui sert de bar. En tout cas la bière y coule aussi à flots.

 

J15

Ce riche temps de rencontre avec nos navigateurs touche maintenant à sa fin (ainsi que ce long récit de voyage). Après une dernier snorkling à l’île semillane N°2, nous nous lançons dans une belle traversée d’un peu plus de 100 miles que nous allons faire sur les 24 heures qui restent. Calme plat jusqu’au soir, où un grain orageux va laisser place à un vent fort en navigation au près pour toute la nuit Dans ce cas là, on dort plus contre les cloisons que sur le matelas, dans les embardées du bateau qui pourtant, coupe bien les vagues sans taper. Nous nous amarrons dans la Yacht haven Marina, où Ratafia restera seul une semaine, pendant que les navigateurs font du tourisme terrestre ou marin en Thaïlande. Pour moi je fais ma valise tout rempli des impressions engrangées pendant ce séjour. Cyril me raccompagne à l’aéroport où nous avons encore plein de choses à nous dire et d’émotions à partager
Merci pour ces tranches de vie partagées.

 

On vous attend à bon port, les navigateurs !