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12
Juillet 2009 |


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On est invité
à faire la tournée de l’atoll. On commence
par l’Ile aux Oiseaux pour aller collecter des œufs.
Sous les cris de milliers de sternes furieuses, on ramasse
donc leurs œufs à même le sol ; mais comme
ils sont déjà habités d’un poussin,
on doit les casser pour que les oiseaux re-pondent, et revenir
les chercher plus tard. Ca choque un peu nos sensibilités,
mais Hinano m’explique que ce sont leurs traditions,
qu’ils ne prélèvent qu’une infime
partie des œufs, et que ça fait les meilleures
omelettes du monde…
On se dirige ensuite vers la passe
d’entrée pour une partie de chasse sous marine.
En une bonne heure, Jonathan nous ramène cinq perroquets,
dix rougets, deux nasons (à éperons orange)
et une petite carangue noire. Le tout sous le nez des requins
gris, pointe noire, et ailerons blancs de lagon, qui nous
surveillent d’un œil intéressé.
« Ce qu’il faut, c’est vite sortir de
l’eau le poisson qu’on a piqué pour ne
pas les exciter » nous dit Jonathan.
Il reste à aller nourrir les
cochons de leur petit élevage au nord est de l’atoll,
avec des noix de coco récoltées sur place.
Mais aussi en attraper deux qui seront livrés à
Bora par la goélette prévue vendredi (elle
ne passe que 2 fois par an chercher le coprah). Le premier
nous échappe et, méfiant, disparaît
dans les cocotiers. Le deuxième se met à hurler
quand on le saisit à cinq par les pattes et les oreilles,
mais finira bien dans l’enclos.
Un peu déçus d’avoir raté notre
proie porcine, on rentre au camp pour un festin de poisson
et de langouste, avant de dire adieu à nos amis avec
un petit pincement, car demain on part pour les Tongas.
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11
Juillet 2009 |
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Départ pour Maupélia, le
dernier atoll habité à l’ouest des îles
sous le vent. On arrive le lendemain midi et la passe est
impressionnante, car très étroite, longue
avec un fort courant de face, et il manque trois balises
sur cinq, tandis que la carte nous montre plusieurs patates
de corail peu profondes. Mais moteur à fond et en
scrutant bien à l’avant du bateau, ça
se fait finalement bien, et le jeu en vaut la chandelle
: le soir on est reçu comme des rois par Kalami (le
bien nommé), Jonathan (comme le premier arrivant
en Polynésie, me dit il) et Hinano (comme la bière
locale).
Avec le dernier né, fils de Jonathan et Hinano, ils
sont quatre des sept derniers habitants de Maupélia,
les autres étant la famille rivale qu’il ne
faut pas fréquenter parait-il. Au menu du soir, langouste
et Kaveu (le crabe de cocotier) pour un dîner avec
les deux autres bateaux présents.
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10
Juillet 2009 |
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On fait les courses et… on retrouve
Anne Laure, Pierre André et Louis de Pégase
; du coup, le temps de se donner les nouvelles depuis les
Marquises, il fait presque noir. Tant pis on partira tôt
demain, comme ça on pourra s’arrêter
avant la nuit à Bora Bora la mythique, et s’offrir
un mythique cocktail dans un de ses mythiques hôtels
! En fait, l’hôtel le plus proche du mouillage
était fermé, mais quelles couleurs dans ce
lagon ! Le soir on assiste au Heiva, les fêtes de
Juillet avec leurs danses traditionnelles, que l’on
va admirer après un petit dîner dans les cabanes
de forains.
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09
Juillet 2009 |
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Cela fait une semaine que nous sommes au
chantier des îles sous le vent, qu’on ponce,
qu’on meule, qu’on peint…Dans un coin
du chantier, il y a Tamataa, le dernier
bateau de Bernard Moitessier, et
Banana Split, celui d’Antoine
; mais nos voisins directs sont des belges, Ghislaine et
Benoît sur Minuit (www.minuit.net).
Une semaine qu’on les pollue, de bruit et de poussières
rouges sur leur vernis tout frais et jusque dans leur lit,
mais pour nous punir, ils n’ont rien trouvé
de pire que de nous inviter à dîner et nous
donner tous leurs tuyaux pour la suite de notre voyage.
Ca fait 13 ans qu’ils naviguent, ils connaissent toute
la zone que nous allons traverser ; merci à tous
les deux pour leur grande patience et leur belle amitié.
Demain on fait les courses et on part. « Quoi, sans
voir Bora Bora ? » s’étonnent ils !
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A
partir du 21 Mai 2009
Les Tuamotu |
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Après
quatre jours de navigation sur la route de Fakarava, on est
en avance d’une marrée pour entrer dans la passe.
On décide donc de s’arrêter sous le vent
de Taiaro
(65 miles avant Fakarava), un atoll fermé dont on n’a
pas la carte mais on avance doucement en surveillant à
l’avant. On jette l’ancre, on plonge pour vérifier
où elle tombe et on tombe sur les fesses tellement
c’est beau. On voit à 50 mètres, les poissons
sont tous gros et pas farouches, les carangues nous poursuivent
même quand on entre dans leur territoire, un petit requin
se dandine. Plus tard j’apprendrai que cet atoll est
protégé et classé au patrimoine mondial
de la biosphère par l’UNESCO. On ne peut malheureusement
pas rester car le vent tourne et le mouillage ne va pas être
bon pour la nuit ; mais quel souvenir !
A Fakarava
sud (30 miles dans sa plus grande longueur) quelques jours
plus tard, on retrouve une passe tout aussi magnifique et
à peine plus civilisée, car Sané et Anabelle
y ont installé leur pension de famille : cinq farés
(= logements), un snack, et un club de plongée. On
passe là une petite semaine entre ballades, apnées,
plongées en bouteilles durant lesquelles on assiste
à des ballets de requins (100 individus défilent
sous nos yeux comme au cinéma !), barbecues et petits
restos sur pilotis. Guillaume, toujours aux aguets, a l’œil
sur tout ce qui bouge : ailerons de requins qui dépassent
dans le soleil couchant, murène qui serpente sous nos
pieds dans 10 cm d’eau, nodi brun ou bleu, fous à
pieds rouges… grâce à lui on ne rate rien
du spectacle. Mais la date de son billet retour approche et
il faut quitter ce mouillage pour le ramener à l’aéropor
(à Anaa)t.
Nous repartons avec Hugues
pour Toau
(20 miles dans sa plus grande longeur). L’atoll est
peuplé d’après le guide de 40 habitants.
En fait ils n’en reste que 6 plus une ferme perlière
chinoise..
Les deux premiers jours, nous mouillons à Marangaï,
seuls devant un ancien village dont il ne reste que trois
maisons vides et quatre tombes. De nouveau nous nous sentons
un peu l’âme de découvreurs. Le soir on
fera un barbecue sur la plage.
Nous redescendons ensuite
vers le village principal et après une autre plongée
mémorable dans la passe Nord, nous allons saluer la
seule maison habitée : quatre hommes venus temporairement
récolter le coprah, le coco séché. Ils
sont un peu bourrus au départ mais l’ambiance
se détend quand Hugues leur demande d’utiliser
leur vini (téléphone portable ; eh oui même
ici l’information passe !) pour envoyer un sms à
sa douce.
Le lendemain nous les suivons
à Otekareva, un motu (îlot dans
l’atoll) à l’autre bout de l’île
où ils vont camper une semaine, pour leur récolte.
Ils nous disent que même s’il n’y a pas
de carte, la nav est facile et qu’il n’y a pas
trop de patates de corail. En effet, avec un guetteur à
l’avant et le soleil dans le dos, on slalome facilement
et le soir, on les retrouve pour leur offrir une bière
en remerciement. Ils nous font eux aussi goûter leur
bière faite maison (ça tape) et nous donnent
deux poissons péchés et fumés par leurs
soins. Malgré la ciguatera, on goûte ces jolis
Nasons et ça passe bien.
On plonge ici dans 4 mètres
d’eau et un jardin de corail rosé dans un champ
de sable blanc, un bon courant avec deux superbes raies léopard,
plus les habituels requins de récifs dont nous nous
sommes à présent tout à fait habitué
à la présence. Ce qui m’impressionne c’est
que chaque plongée est unique, les paysages sous l’eau
sont toujours différents et nous marquent aussi bien
qu’un massif montagneux ou qu’une belle plage.
Il y a ensuite l’anse
Amiot, avec Valentine et Gaston, qui font tout : potager,
élevage, pêche, snack, ballades en speed boat…
et dont on aurait bien aimé parler plus et profiter
mieux, mais on ne peut pas car il faut s’occuper du
bateau : on a déjà rendez vous à Raiatea
pour le sortir de l’eau et six jours de travail intense
s’annoncent…alors adieu les Tuamotu, mais par
les airs ou par la mer, il faudra revenir.
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15
Mai 2009 |
   
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Le
lendemain on part en chasse et rapporte un perroquet, un chirurgien
et Hugues harponne au fusil une grosse carangue bleue de 4
kg…l’Américain nous montre comment tirer
les filets, le chat reçoit sa part en remerciement,
et Migration est invité à une barbecue party
de poisson grillé sur la plage.
La soirée est très
sympa, Guillaume monte au cocotier nous chercher des noix,
seule Sophie qui est un peu barbouillée donne sa part
à Hugues. Mais pendant la nuit on est tous malades
et le matin, alors qu’on lève l’ancre pour
Fatu Hiva, il faut se rendre à l’évidence
: le poisson était empoisonné à la ciguaterra,
forme particulière d’ichtyosarcotoxisme (et
moi je savais avant les dernières élections
que c'était toxique......).
On avait pourtant bien demandé
l’avis des locaux sur la comestibilité du poisson.
Conséquences : on est épuisés et le restera
plusieurs semaines (Hugues deux fois plus puisqu’il
a mangé double dose) mais surtout, on a empoisonné
nos hôtes (we’re so sorry Migration !), et le
petit chat est sans doute mort car cette maladie leur est
fatale.
Les
autres symptômes sont plus drôles : picotements,
gratouillements et interdiction totale de manger des produits
de la mer et des viandes rouges. On est bon pour manger du
poulet pendant un mois ! C’est donc un équipage
de bras cassés qui débarque dans la baie des
vierges à Fatu Hiva, anciennement des verges à
cause de la forme de ses rochers, mais les évangélistes
qui voyaient les choses autrement ont pensé bon d’y
rajouter un i.
Là puis à Ouapu,
on va faire de belles randonnées (au ralenti) pendant
lesquelles on ramasse mangues, citrons, papayes ou oranges.
Parfois ce sont les habitants qui nous offrent des bananes
ou les meilleurs Pamplemousses du monde.
Mais les mouillages sont
agités, et après avoir ramené Sophie
à l’aéroport, on quitte les Marquises,
montagnes escarpées pour les atolls des Tuamotu et
leurs lagons bien abrités.
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14
Mai 2009 |
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Après
15 jours sans une rencontre, je croise trois bateaux pendant
mon quart, et le matin, une île escarpée se découpe
au loin. C’est Fatu Hiva. On la laisse sur tribord pour
rejoindre Hiva Hoa, y faire nos formalités d’entrée
et retrouver Guillaume et Sophie.
Après un pèlerinage
sur la tombe de Jacques Brel et une visite à son avion
Jojo, on appareille pour Tahuata où Guillaume repère
avec ses jumelles magiques des ailerons à la surface.
Est-ce une chasse ? Des dauphins ? En approchant on découvre
une dizaine de raies manta en plein festin. Deux minutes plus
tard, nous nageons avec ces élégants animaux
qui nous frôlent, la gueule grande ouverte pour engloutir
les microparticules d’un plancton si dense que nous
en sentons les impacts sur le visage. Nous allons ensuite
mouiller dans la baie suivante, un bon mouillage bien calme
à côté d’un trimaran rouge : «
Migration », et d’un bateau américain
avec un chat.
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6
mai 2009 |
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Le vent tourne car une dépression
passe dans notre sud. La mer grossit, on est au près,
ça gîte, ça tape, et ça dure
une semaine comme ça…mais au moins ça
avance et on ne fait plus de moteur. Seuls incidents à
déplorer : deux gros grains nous chahutent un peu.
Le premier, nocturne, déchire une couture du génois
qui est remplacé par la trinquette pour la fin de
la traversée. A l’arrivée on trouvera
une confectionneuse d’artisanat qui voudra bien nous
la recoudre dans son atelier, mais « ne donnez pas
mon nom, nous dit elle, car je ne veux pas avoir à
faire ça trop souvent de peur de saler ma machine
». D’accord et merci Mme O.
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29
Avril 2009 |



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Le lendemain nous repartons à l’aube.
Enfin presque car le guindeau électrique ne veut
plus relever l’ancre. On doit le faire à la
main (20 minutes) et ce n’est plus l’aube quand
nous traversons la passe où se pratiquait le culte
de l’homme oiseau : chaque village désignait
un jeune champion qui devait :
-
Descendre la paroi
extérieure du volcan tombant quasi à pic
dans la mer.
-
Traverser à
la nage une large passe jusqu’au 2ème îlot
à peu près à 1 km de là, au
risque de se faire bouffer par les requins.
-
Y attendre la ponte
des sternes pour en rapporter le premier œuf de l’année.
Le vainqueur apportait gloire à
son chef pour un an.
Nous sommes sortis de la contemplation
de ce lieu magnifique par l’approche du Pacific Princess,
aux balcons les flash crépitent vers nous qui faisons
les stars ; mais à cet instant la ligne de pêche
se met à siffler et on oublie les Japonais pour remonter
un magnifique Thazard de 1m32. Il nous fera 6 repas gargantuesques.
La traversée démarre sur
les chapeaux de roues : le deuxième jour nous battons
de nouveau notre record de distance sur 24h : 184 milles
parcourus. Et au bout de 6 jours nous avons fait 1000 milles
sur les 2000 de la traversée…Pour fêter
ça on prend notre premier bain dans le Pacifique,
l’eau est d’un bleu incroyablement profond,
c’est un régal.
Le lendemain, Hugues repère une
grosse bête dans notre sillage. On voit bien son ventre
blanc et on ne la voit jamais respirer, serait ce un requin
baleine ? Elle nous suit toute la journée en se rapprochant.
Finalement on aperçoit son souffle entre deux grosses
vagues ; on en conclut que c’est un jeune rorqual
qui nous aurait pris pour sa mère.
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L'île
de Pâques |
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A
Pâques, on retrouve Patrice, ami des anciens propriétaires
de notre bateau (M.
et Mme LASSON) que l’on avait rencontré à
Ushuaia et qui vit ici depuis vingt ans. Il nous emmène
sur les sites qui retracent l’histoire de ces grandes
statues dédiées aux morts : les
Mohaïs. Je retrouve les souvenirs d’une émission
de Cousteau qui m’avait fasciné enfant au sujet
du drame de l’île de Pâques. Une société
au faîte de son évolution se laisse entraîner
vers le gigantisme :les chefs veulent des Mohaïs toujours
plus grands,et plus grands que celui du chef voisin ; toutes
les ressources de l’île, humaines et naturelles
sont exploitées, et on arrive à la pénurie.
L’île ne peut plus nourrir sa population de 4000
personnes, c’est la guerre totale, on détruit
toutes ces statues, on s’entretue, il y a même
du cannibalisme. Et plus moyen de quitter l’île,
il n’y a même plus un arbre pour construire un
bateau. C’est une théorie qui tient encore la
route me dit Patrice. Bizarrement ce syndrome de l’île
de Pâques me rappelle quelque chose…... En tout
cas la réalité de ces statues face contre terre,
ou encore en pleine taille, comme si tout avait été
gelé d’un coup, est encore plus spectaculaire
que ce que je m’imaginais. Sur le dernier site on trouve
une foule de Japonais. Ils ont débarqué du paquebot
style «Pacific Princess» qu’on a vu passer
ce matin au mouillage. 200 personnes pour une croisière
de 70 jours avec 400 membres d’équipage Tokyo-Tahiti-
Pâques-Mexique-Hawai-Tokyo. C’est le choc des
cultures, les Mohais sont mitraillés, les vendeurs
de statuettes en bois pris d’assaut, même les
chiens et chats locaux sont pris en photo.
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24
Avril 2009 |
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Apres
17 jours de mer et avec un fort bourdonnement aux oreilles,
on jette l’ancre dans la baie d’Hanga roa à
l’île de Pâques. On envoie le pavillon jaune
pour demander à l’immigration de monter à
bord, et l’officier des douanes qui monte sur le bateau
nous signifie que nous n’allons pas pouvoir débarquer…
En effet, puisque nous avons fait nos papiers de sortie du
Chili à Puerto Montt, nous ne pouvons plus y entrer
nous explique t-il, dans sa logique. Mais ne comprend visiblement
pas qu’il nous était impossible de nous garantir
un arrêt à l’île de Pâques
pour faire les formalités de sortie du Chili, ne fût-ce
que parce qu’il faut prendre en compte la météo..Et
finalement « Qu’à cela ne tienne »
lui rétorquons nous, « nous redemandons un visa
d’entrée au Chili » visa qui sera délivré
dix minutes plus tard, en même temps que le contrôle
sanitaire, l’approbation de l’Armada etc !
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22
Avril 2009 |
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L’autre
bon côté des choses c’est j’en profite
pour lire beaucoup, aujourd’hui j’ai terminé
Belle du seigneur : à moi le bon resto.
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