Cyril
Hugues
RATAFIA

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Hugues ANDRE

Depuis très petit j'ai hésité entre une carrière de Capitaine Crochet et celle de banquier bien établi. Même si on me vit à l'âge de huit ans à la barre de mon Optimist, commençant ainsi mon parcours d'apprentissage sur dériveur et ensuite sur croiseur, c'est d'abord le milieu bancaire qui m'a appelé à lui. Et ce n'est qu'après une période de 15 ans au service de notre bonne société capitaliste où j'ai pu exercer des fonctions aussi diverses que la direction d'agence, les ressources humaines, le Personal Banking et enfin la conception et le design de points de vente, que j'ai décidé de larguer les amarres au propre comme au figuré.

Pendant toutes ces années, Le regard plein de reproches du Capitaine Crochet ne m'avait en fait pas quitté un seul instant, me rappelant que derrière l'horizon il y a tant de choses à voir et d'aventures à vivre.

Entre-temps je suis devenu moniteur UCPA, fonction enviée qui me permettait, sur les bateaux de croisières en Corse, en Bretagne et dans d'autres contrées, de boire souvent l'apéro, et de regarder loin l'horizon d'un air entendu pour la plus grande admiration des petites stagiaires ébahies.

Pendant ces 10 dernières années j'ai aussi beaucoup voyagé en Amérique latine, qui est une région du monde que j'adore et à laquelle on fera la part belle lors de notre futur périple, puisque on a entre autre décidé de descendre jusqu'en Patagonie.

C'est à l'UCPA que j'ai rencontré Cyril qui nourrissait les mêmes aspirations et avec lequel j'ai immédiatement sympathisé. Il faut dire aussi que Cyril est pilote de ligne, et moi je suivais mes formations de pilote privé: outre le partage de la passion de la voile, je m'ouvrais aussi au monde de l'aéronautique qui est également captivant - et tellement différent du premier d'ailleurs. Si un jour on décide de faire un tour du monde en ballon, on vous le fera savoir.

Mais je m'éloigne, revenons à nos moutons euh... nos poissons.

Point non négligeable: le susdit monde capitaliste m'a fourni les moyens d'acheter un demi bateau et de m'arrêter de travailler pendant 2 ans (voir plus d'ailleurs, mais ça, c'est le plan B si la Belgique n'existe plus quand je reviens; parce que vous l'aviez deviné, je suis belge).

Aujourd'hui, je vais sur les 42 ans et je prends seulement conscience de la chance que j'ai de pouvoir poser et réaliser un choix aussi important et ainsi de partir vivre une si grande aventure qui -et c'est la seule chose dont je suis à peu près certain aujourd'hui- ne me rendra pas à mes proches égal à ce que j'étais en partant. Je suis également très heureux de pouvoir le faire encore suffisamment jeune. Quoi qu'il arrive, je resterai éternellement reconnaissant à Cyril de l'opportunité qu'il m'offre de concrétiser tout cela et de partager non seulement les mêmes ambitions et très prochainement les mêmes moments intenses, qu'ils soient positifs ou que ce soit les pires galères. Je n'ai pas l'âme d'un navigateur solitaire.

Laissons les derniers mots au banquier que je suis, inspirés du demi frère du Dalai Lama:

"les deux années qui viennent, je vais gagner moins d'argent,
mais je ne devrai plus mettre de chaussettes".